ÑÏ: Rendons un petit hommage au poètes français Bonne journée à toutes et à tous Quelle immense joie de vous revoir Quoi de plus beau que de commencer sa journée par ce bouquet de poèmes extraordinaires Mes congratulations pour ces choix très réussis Et toute ma gratitude pour avoir accepté de prendre part à mon sujet Celle qui vous admire beaucoup Soraya |
ÑÏ: Rendons un petit hommage au poètes français -- La Nature La terre est de granit, les ruisseaux sont de marbre C'est l'hiver; nous avons bien froid. Veux-tu, bon arbre Être dans mon foyer la bûche de Noël -- Bois, je viens de la terre, et, feu, je monte au ciel Frappe, bon bûcheron. Père, aïeul, homme, femme Chauffez au feu vos mains, chauffez à Dieu votre âme Aimez, vivez. -- Veux-tu, bon arbre, être timon De charrue? -- Oui, je veux creuser le noir limon Et tirer l'épi d'or de la terre profonde Quand le soc a passé, la plaine devient blonde La paix aux doux yeux sort du sillon entr'ouvert Et l'aube en pleurs sourit. -- Veux-tu, bel arbre vert Arbre du hallier sombre où le chevreuil s'échappe De la maison de l'homme être le pilier? -- Frappe Je puis porter les toits, ayant porté les nids Ta demeure est sacrée, homme, et je la bénis Là, dans l'ombre et l'amour, pensif, tu te recueilles Et le bruit des enfants ressemble au bruit des feuilles -- Veux-tu, dis-moi, bon arbre, être mât de vaisseau -- Frappe, bon charpentier. Je veux bien être oiseau Le navire est pour moi, dans l'immense mystère Ce qu'est pour vous la tombe; il m'arrache à la terre Et, frissonnant, m'emporte à travers l'infini J'irai voir ces grands cieux d'où l'hiver est banni Et dont plus d'un essaim me parle en son passage Pas plus que le tombeau n'épouvante le sage Le profond Océan, d'obscurité vêtu Ne m'épouvante point: oui, frappe. -- Arbre, veux-tu Être gibet? -- Silence, homme! va-t'en, cognée J'appartiens à la vie, à la vie indignée Va-t'en, bourreau! va-t'en, juge! fuyez, démons Je suis l'arbre des bois, je suis l'arbre des monts Je porte les fruits mûrs, j'abrite les pervenches Laissez-moi ma racine et laissez-moi mes branches Arrière! homme, tuez, ouvriers du trépas, Soyez sanglants, mauvais, durs; mais ne venez pas Ne venez pas, traînants des cordes et des chaînes Vous chercher un complice au milieu des grands chênes Ne faites pas servir à vos crimes, vivants L'arbre mystérieux à qui parlent les vents Vos lois portent la nuit sur leurs ailes funèbres Je suis fils du soleil, soyez fils des ténèbres Allez-vous-en! laissez l'arbre dans ses déserts A vos plaisirs, aux jeux, aux festins, aux concerts Accouplez l'échafaud et le supplice; faites Soit. Vivez et tuez. Tuez, entre deux fêtes Le malheureux, chargé de fautes et de maux Moi, je ne mêle pas de spectre à mes rameaux Vitor Hugo Janvier 1843 Les Contemplations |
ÑÏ: Rendons un petit hommage au poètes français Abîme - L'Homme Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes. Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ; Je fais vers le désert reculer le lion ; Je m'appelle Bacchus, Noé, Deucalion ; Je m'appelle Shakspeare, Annibal, César, Dante ; Je suis le conquérant ; je tiens l'épée ardente, Et j'entre, épouvantant l'ombre que je poursuis, Dans toutes les terreurs et dans toutes les nuits. Je suis Platon, je vois ; je suis Newton, je trouve. Du hibou je fais naître Athène, et de la louve Rome ; et l'aigle m'a dit : Toi, marche le premier ! J'ai Christ dans mon sépulcre et Job sur mon fumier. Je vis ! dans mes deux mains je porte en équilibre L'âme et la chair ; je suis l'homme, enfin maître et libre ! Je suis l'antique Adam ! j'aime, je sais, je sens ; J'ai pris l'arbre de vie entre mes poings puissants ; Joyeux, je le secoue au-dessus de ma tête, Et, comme si j'étais le vent de la tempête, J'agite ses rameaux d'oranges d'or chargés, Et je crie : " Accourez, peuples ! prenez, mangez ! " Et je fais sur leurs fronts tomber toutes les pommes ; Car, science, pour moi, pour mes fils, pour les hommes, Ta sève à flots descend des cieux pleins de bonté, Car la Vie est ton fruit, racine Éternité ! Et tout germe, et tout croît, et, fournaise agrandie, Comme en une forêt court le rouge incendie, Le beau Progrès vermeil, l'oeil sur l'azur fixé, Marche, et tout en marchant dévore le passé. Je veux, tout obéit, la matière inflexible Cède ; je suis égal presque au grand Invisible ; Coteaux, je fais le vin comme lui fait le miel ; Je lâche comme lui des globes dans le ciel. Je me fais un palais de ce qui fut ma geôle ; J'attache un fil vivant d'un pôle à l'autre pôle ; Je fais voler l'esprit sur l'aile de l'éclair ; Je tends l'arc de Nemrod, le divin arc de fer, Et la flèche qui siffle et la flèche qui vole, Et que j'envoie au bout du monde, est ma parole. Je fais causer le Rhin, le Gange et l'Orégon Comme trois voyageurs dans le même wagon. La distance n'est plus. Du vieux géant Espace J'ai fait un nain. Je vais, et, devant mon audace, Les noirs titans jaloux lèvent leur front flétri ; Prométhée, au Caucase enchaîné, pousse un cri, Tout étonné de voir Franklin voler la foudre ; Fulton, qu'un Jupiter eût mis jadis en poudre, Monte Léviathan et traverse la mer ; Galvani, calme, étreint la mort au rire amer ; Volta prend dans ses mains le glaive de l'archange Et le dissout ; le monde à ma voix tremble et change ; Caïn meurt, l'avenir ressemble au jeune Abel ; Je reconquiers Éden et j'achève Babel. Rien sans moi. La nature ébauche ; je termine. Terre, je suis ton roi. |
ÑÏ: Rendons un petit hommage au poètes français Adieux de l'hôtesse arabe Puisque rien ne t'arrête en cet heureux pays, Ni l'ombre du palmier, ni le jaune maïs, Ni le repos, ni l'abondance, Ni de voir à ta voix battre le jeune sein De nos soeurs, dont, les soirs, le tournoyant essaim Couronne un coteau de sa danse, Adieu, voyageur blanc ! J'ai sellé de ma main, De peur qu'il ne te jette aux pierres du chemin, Ton cheval à l'oeil intrépide ; Ses pieds fouillent le sol, sa croupe est belle à voir, Ferme, ronde et luisante ainsi qu'un rocher noir Que polit une onde rapide. Tu marches donc sans cesse ! Oh ! que n'es-tu de ceux Qui donnent pour limite à leurs pieds paresseux Leur toit de branches ou de toiles ! Qui, rêveurs, sans en faire, écoutent les récits, Et souhaitent, le soir, devant leur porte assis, De s'en aller dans les étoiles ! Si tu l'avais voulu, peut-être une de nous, Ô jeune homme, eût aimé te servir à genoux Dans nos huttes toujours ouvertes ; Elle eût fait, en berçant ton sommeil de ses chants, Pour chasser de ton front les moucherons méchants, Un éventail de feuilles vertes. Mais tu pars ! - Nuit et jour, tu vas seul et jaloux. Le fer de ton cheval arrache aux durs cailloux Une poussière d'étincelles ; A ta lance qui passe et dans l'ombre reluit, Les aveugles démons qui volent dans la nuit Souvent ont déchiré leurs ailes. Si tu reviens, gravis, pour trouver ce hameau, Ce mont noir qui de loin semble un dos de chameau ; Pour trouver ma hutte fidèle, Songe à son toit aigu comme une ruche à miel, Qu'elle n'a qu'une porte, et qu'elle s'ouvre au ciel Du côté d'où vient l'hirondelle. Si tu ne reviens pas, songe un peu quelquefois Aux filles du désert, soeurs à la douce voix, Qui dansent pieds nus sur la dune ; Ô beau jeune homme blanc, bel oiseau passager, Souviens-toi, car peut-être, ô rapide étranger, Ton souvenir reste à plus d'une ! Adieu donc ! - Va tout droit. Garde-toi du soleil Qui dore nos fronts bruns, mais brûle un teint vermeil ; De l'Arabie infranchissable ; De la vieille qui va seule et d'un pas tremblant ; Et de ceux qui le soir, avec un bâton blanc, Tracent des cercles sur le sable ! |
ÑÏ: Rendons un petit hommage au poètes français Confrontations Ô cadavres, parlez ! quels sont vos assassins Quelles mains ont plongé ces stylets dans vos seins Toi d'abord, que je vois dans cette ombre apparaître Ton nom? - Religion. - Ton meurtrier? - Le prêtre - Vous, vos noms ? - Probité, pudeur, raison, vertu - Et qui vous égorgea ? - L'église. - Toi, qu'es-tu - Je suis la foi publique. - Et qui t'a poignardée - Le serment. - Toi, qui dors de ton sang inondée - Mon nom était justice. - Et quel est ton bourreau - Le juge. - Et toi, géant, sans glaive en ton fourreau Et dont la boue éteint l'auréole enflammée - Je m'appelle Austerlitz. - Qui t'a tué ? - L'armée Les Chatîments 30 janvier |
ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 08:05 |
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